Échos d'Archéos #7 - « Habitats et nécropoles du Bronze ancien au début de l'âge du Fer : 1500 ans d'histoire de la Limagne »
Jeudi 15 septembre 2022, à 20h30, sur Facebook, Page Musée de Gergovie, Florian Couderc, Docteur en archéologie protohistorique (UMR 8215 Trajectoire/UMR 5608 TRACES), présentera « Habitats et nécropoles du Bronze ancien au début de l'âge du Fer : 1500 ans d'histoire de la Limagne ». Cette web conférence s'inscrit dans le cycle de 4 rendez-vous annuels Echos d’Archéos proposé depuis mars 2021 par la Maison des Sciences de l'Homme de Clermont-Ferrand, le Musée Archéologique de la Bataille de Gergovie, le Département du Puy-de-Dôme.
En résumé :
L’âge du Bronze et le début de l’âge du Fer (2200 – 625 av. J.-C.), est une phase chronologique relativement méconnue du grand public en Auvergne et même en France de façon générale. Cela est lié en grande partie à la difficulté à se représenter les vestiges et les sociétés de ces périodes. Grâce au développement de l’archéologie préventive et de plusieurs projets de recherche à partir des années 1990 et à au développement des connaissances sur ces périodes, il est possible de dresser aujourd’hui un bilan à l’échelle de la Limagne et de ses abords.
Cette communication se propose de retracer les acquis de ces dernières années sur les habitats et les nécropoles de ces sociétés, dont les formes et la structure sociale ont fortement évolué en près de 1500 ans d’histoire. La Limagne voit en effet apparaitre au cours du Bronze ancien (principalement entre 1950 et 1700 av. J.-C), de vastes habitats occupés sur la longue durée, formés par des centaines voire des milliers de structures, renfermant un mobilier abondant. C’est aussi à cette période que sont fondées d’importantes nécropoles, souvent situées à proximité de l’habitat, regroupant plusieurs dizaines d’individus, au sein de monuments funéraires imposants, contenant parfois un mobilier prestigieux (mobilier métallique, parures en coquillage…). Un basculement s’opère au cours du Bronze moyen, avec un délitement de ces sites et la difficulté pour nous, archéologues, d’identifier les occupations de cette période, qui restent encore très rares dans la région. Au cours du Bronze final, le nombre de monuments funéraires reconnus en fouille, mais surtout en prospection aérienne explose. Ils occupent essentiellement les bordures des cours d’eau (Allier, Morge, Sioule), formant un véritable réseau régional, soulignant de possibles axes de circulation à travers le territoire. Ces marqueurs du paysage occupent une place prépondérante, et ce sur plusieurs siècles, si on en croit la réoccupation de ces espaces durant la transition entre le 1er et le 2nd âge du Fer, au travers d’enclos quadrangulaires et de nombreuses sépultures à inhumation. Concernant l’habitat de la fin de l’âge du Bronze, les connaissances concernant la plaine restent encore assez limitées. Toutefois, c’est durant la phase moyenne et finale de cette période que l’on voit apparaître de très nombreux sites de hauteur dans la région. Ces sites remarquables dans le paysage ont des statuts, voir des fonctions très différents. Certains, à l’instar du puy de Corent ont, durant l’intervalle 950-800 av. J.-C., un statut hiérarchique très élevé, comme l’indiquent certaines pratiques cultuelles et surtout, le regroupement de maisons, montrant que nous sommes face à de véritables agglomérations. Durant cette période, une structure sociale fortement hiérarchisée se met en place, disposant d’un rayonnement probablement régional et renforçant des contacts avec des cultures éloignées, pour l’approvisionnement en certains biens et matières de prestige. Ce phénomène est d’autant plus marquant que durant le début de l’âge du Fer (800-625 av. J.-C.), ces sites de hauteur sont pratiquement tous abandonnés, au profit de petites occupations de plaine, probablement à vocation agricole. Ce basculement résulte probablement d’une conjoncture climatique et d’un démantèlement de la structure de la société. C’est à cette époque également que l’on voit apparaître des batteries de fosses de cuisson, à vocation culinaire, qui montrent que des pratiques collectives de consommation/cuisson et de partage de produits, a priori carnés, ont lieu au sein des sociétés du début de l’âge du Fer.
L’étude de ces périodes montre à quel point la Protohistoire ancienne est une phase durant laquelle se construisent et se déconstruisent des modèles sociaux, économiques et territoriaux complexes à l’échelle de la Limagne, que seule une étude globale permet d’appréhender. Cependant, si des pistes de réflexion peuvent être proposées, il reste encore un long chemin à parcourir avant d’appréhender plus en détail toute la complexité de ces sociétés de la Protohistoire ancienne.
Bio :
Florian Couderc est Docteur en archéologie protohistorique (UMR 8215 Trajectoire/UMR 5608 TRACES).
Crédit photographique : Florian Couderc
Enregistrée, cette conférence sera aussi visible ultérieurement sur la chaîne Canal-U.tv de la Maison des Sciences de l'Homme de Clermont-Ferrand.
Pour visionner les conférences précédentes du cycle Echos d'Archéos : cliquer...
Il est possible de suivre la conférence en direct sur la Page Musée de Gergovie sans avoir de compte Facebook.