Les axes scientifiques
Axe 1 : « Territoires, environnement, adaptation »
L’objectif de cet axe est de réfléchir aux relations établies entre les sociétés et leurs environnements sur la longue durée, depuis le début de l’Holocène jusqu’à aujourd’hui, avec le double objectif de reconstituer une histoire socio-environnementale des territoires et de mettre en perspective les dynamiques actuelles en apportant des éléments de réflexion théoriques et techniques sur les processus de développement durable et harmonieux (environnemental, économique, social ou culturel) des territoires, en insistant sur les mécanismes de transition et d’adaptation des territoires et des sociétés. Un intérêt particulier est porté aux facteurs culturels dans l’organisation des territoires et au rôle joué par les représentations que les acteurs se font de ces espaces. Cet axe est abordé de manière privilégiée sous l’angle des transitions et adaptations, en favorisant une approche spatio-temporelle multiscalaire. La plateforme Intelespace joue un rôle de premier plan dans cet axe. Celui-ci touche particulièrement les domaines suivants :
- La co-évolution des sociétés et de l’environnement sur le long terme pour mettre en évidence l’impact des changements environnementaux sur les stratégies de développement des sociétés et les réponses des milieux aux interventions humaines, avec une priorité donnée à l’archéologie et à la recherche paléoenvironnementale. Une attention particulière est portée aux impacts anthropiques et risques environnementaux pour mettre en évidence l’influence du changement contemporain des variables contrôlant la dynamique des milieux sur les nouvelles trajectoires d’évolution y compris en matière d’aggravation des risques.
- L’analyse transversale des processus de développement des territoires - tant économiques que sociaux, culturels ou environnementaux -, avec un intérêt particulier pour les espaces ruraux, les espaces de montagnes et les petites villes. L’analyse de la dynamique spatiale du développement des territoires se fait avant tout au croisement du regard des géographes, des économistes, des historiens, des architectes et des agronomes.
- La représentation des territoires, qu’il s’agisse des nombreux travaux et projets cartographiques que du rôle des représentations dans la gestion des territoires et dans la perception de l’environnement. L’accent est mis sur la dimension spatiale des mouvements et réalisations culturelles (littérature, théâtre, musique) et sur l’apport méthodologique de cette dimension dans l’analyse de ces phénomènes.
Cet axe est structuré autour d’un séminaire, de manifestations scientifiques et de programmes interdisciplinaires MSH : MILISOC, CITADEL et des programmes AYPONA, TELEPATH, TRACHYTE...
Responsable : Hélène Mainet, Professeure de géographie humaine à l’Université Clermont Auvergne, membre de l'UMR Territoires
Axe 2. « Ruptures, révolutions, innovation »
Cet axe repose sur l’étude des changements brutaux, radicaux qui voient la rupture de la cohérence d’un système global. Ce vaste domaine est à envisager dans toutes ses dimensions à l'échelle de l'individu, d'un groupe social et dans les domaines du politique, du social, de l'esthétique, de la psychologie, de l'environnement. Alors que le premier sens du terme révolution renvoie à une logique cosmique de mouvement perpétuel, le sens moderne s'oppose à l'idée de cycle et de linéarité et fait référence à une déviation et à l'instauration d'un nouvel ordre. Employé dès le XVIe siècle comme synonyme de « changement brusque, bouleversement » à l’échelle d’un individu, l’usage du terme commence à être étendu aux ruptures politiques au XVIIe siècle, mais il ne prend véritablement ce sens que dans le contexte politique de la seconde moitié du XVIIIe siècle. Par la suite, la « révolution » a été associée à tout changement rapide des sociétés humaines : révolution industrielle, révolution surréaliste, révolution scientifique, révolution sexuelle, révolution esthétique, révolution religieuse… Alors que la révolution astronomique correspond à l’accomplissement ordonné d’une trajectoire, la révolution au sens moderne renvoie à une rupture ou à une déviation. Elle précède l’instauration d’un nouvel ordre. La révolution peut ainsi être assimilée au moment où un individu ou une part importante d’un groupe social cesse de croire à la cohérence globale du monde dans lequel il vit. C’est le moment où sont remis en cause les systèmes de valeurs dominants, les normes, les légitimités, les repères hiérarchiques, esthétiques et parfois jusqu’à la perception du temps et jusqu’aux différentes formes de transcendances qui interrogent la place de l’homme dans l’univers. La rupture suscite des réactions en retour qui contribuent à configurer, à réorganiser et à donner sens à un passé proche en le définissant par rapport à la rupture qui est intervenue. La révolution politique, la révolution scientifique ou technologique sont les plus facilement identifiables pour les acteurs, néanmoins, les autres formes de révolution (esthétique, religieuse, linguistique, écologique, pédagogique...), souvent moins visibles à court terme, peuvent être très profondes, l’ensemble jouant en interaction. Enfin, la révolution est à prendre dans toute sa temporalité. Elle détruit un ordre ancien en permettant d’imaginer un ordre nouveau qui peut (mais pas toujours) s’incarner dans un délai plus ou moins long. C’est ainsi que la problématique de la révolution peut rejoindre celle de l’innovation. Elle permet enfin de s’interroger sur la notion de système global à l’échelle d’une société, d’un individu, d’un site naturel et des éléments qui peuvent conditionner son équilibre, toujours provisoire, ou la rupture de celui-ci. En liaison avec la plateforme informatique de la MSH, les travaux de cet axe privilégient le potentiel méthodologique et épistémologique fourni par les « humanités numériques » (bases de données, corpus, exploitation graphique de données et outils mathématiques qui y sont associés).
Cet axe est structuré autour d’un séminaire, de manifestations scientifiques et de programmes interdisciplinaires MSH : GERMANOSPHERE, GRIMM, VOYAGER et le Projet exploratoire premier soutien SIMUPHI...
Responsable : Cyril Triolaire, historien, Maître de conférences en études théâtrales à l’Université Clermont Auvergne, membre du CHEC.