RussellGlobal - Russell global. Pour une histoire des réceptions de la philosophie analytique

Responsable scientifique : Sébastien GANDON (Pr UCA)
Laboratoires associés : Laboratoire Philosophies et Rationalités (UCA)
Disciplines : Philosophie
Partenaires européens envisagés :

  • Université de Tilburg, Tilburg (Pays-Bas)
  • Université de Vienne, Vienne (Autriche)
  • Trinity College, Dublin (Irlande)
  • Université de Ljubljana, Ljubljana (Slovénie)
  • Université Jagelonne, Cracovie (Pologne)

Autre partenaire envisagé :

  • McMaster U

Le projet vise à étendre à la philosophie analytique, apparue au début du XXème siècle, la révolution historiographique qui a conduit les historiennes et historiens des Lumières à orienter leur regard vers les modalités concrètes de production et de transmission des savoirs dans différentes aires culturelles. Le programme consiste à décrire comment, en se déployant dans différentes régions du monde, le rationalisme analytique (et la logique qui le sous-tend) se métamorphose et se pluralise. Ce programme renouvelle, en les prolongeant, les précédents travaux du porteur du projet, Sébastien Gandon : il y montrait que, pour les auteurs à la source de la philosophie analytique (Russell, Frege et Wittgenstein), la logique ne surplombait pas, mais s’hybridait au contact des différentes disciplines mathématiques.  Sébastien Gandon prétend que le rationalisme analytique n’est pas un cadre qui se projetterait indifféremment sur des contextes intellectuels inertes, mais, qu’au contraire, au contact des traditions qu’il rencontre dans les différentes aires culturelles où il se déploie, le rationalisme analytique se reconfigure et se métamorphose à chaque fois de façon singulière.

Pour l’instant, Sébastien Gandon a limité l’enquête à quatre aires principales : les États-Unis, la France, la Pologne, la Chine – qui, bien qu’elles soient périphériques par rapport au terrain d’émergence de la philosophie analytique, voient le nouveau rationalisme s’implanter de façon précoce et variée. Il documente à la fois la façon dont les œuvres des rationalistes de ces terres périphériques, dont les œuvres ne sont étudiées ni par les historiens de la philosophie analytiques (parce qu’appartenant aux folklores locaux), ni par les spécialistes des aires culturelles concernées (parce que trop cosmopolites), transforment le programme analytique, mais aussi les traditions locales auxquelles ils se confrontent.

Par cet exemple, le porteur du programme entend contribuer à reformuler la question, très discutée aujourd’hui, de l’universalisme et de ses limites. Son but est d’explorer une voie médiane entre un universalisme « de surplomb », qui affirme que les principes universaux s’appliquent mécaniquement et sans variation dans toutes les cultures, et un relativisme « radical », qui rejette tout universel principiel et s’enferme dans l’identité des configurations locales. Sa thèse est qu’il y a un corpus aujourd’hui négligé (celui de la réception de la philosophie analytique dans le premier XXème siècle avant la décolonisation) qui permet de « tester » historiquement et empiriquement ces deux hypothèses rivales, et de montrer que l’une et l’autre sont intenables : les catégories logiques et analytiques se métamorphosent en s’implantant localement, mais ceux qui les transforment les pensent comme valant universellement.

Projet lauréat de l'AAP Initiation de réseaux européens MSH - Institut LLSHS (2022-2023) / Troisième session (février 2023)