Du droit de la guerre à la dérégulation de la guerre

Podcast

Guerres

Intervention

Animation

Laboratoire proposant

Discipline

Disponible le

Lundi 05 décembre 2022

Version intégrale [conférence + débat]

 

Version courte [conférence]

Ancienne élève de l’ENS Ulm, agrégée de philosophie, docteure en philosophie, Géraldine Lepan est Maîtresse de conférences HDR en philosophie politique à l'Université Toulouse Jean Jaurès. Elle est l’auteure de nombreux travaux sur Rousseau, les contractualismes et néo-contractualismes, la guerre et la sociabilité. On peut citer notamment :

  • L'amitié des citoyens, structure affective et pacte social, à paraître en 2023.
  • Rousseau, Une politique de la vérité, Belin, coll. Le chemin des philosophes, 2015.
  • Jean-Jacques Rousseau et le patriotisme, éd. Honoré Champion, coll. Les XVIIIe siècles, dirigée par Raymond Trousson et Antony McKenna, 2007.
  • Commentaire du Discours sur l'origine et les fondements de l'inégalité parmi les hommes, Ellipses, 1998.

En résumé

L’intervention de Géraldine Lepan consiste à confronter deux théorisations de la guerre.
La première s’est diffusée au cours du XVIIIe siècle, le siècle des Lumières étant considéré comme un siècle de juridicisation essentiel du droit de la guerre. La guerre devient la prérogative de l’Etat ; la violence devient le monopole de l’Etat. La tentative d’assujettir la guerre au droit et de limiter la violence des conflits, avait en effet abouti avec la tradition théologique et jusnaturaliste de la guerre juste, à l’effet inverse : stigmatiser ou criminaliser l’ennemi « injuste ». Aussi le XVIIIe siècle s’emploie-t-il à définir la guerre comme acte « normal » d’une puissance souveraine et avec Rousseau, à rechercher « les vrais principes de droit de la guerre » (en dissociant par exemple soigneusement l’homme, le citoyen et le soldat, et en réglementant en particulier le jus in bello).
La seconde partie porte sur la dérégulation de la guerre que l’on fait généralement commencer à la seconde guerre mondiale.
Ce plan en deux parties suggère qu’il y a bien eu, et de tout temps d’ailleurs, une tentative des hommes de juguler la violence, de la codifier lorsqu’elle prend place dans cet espace de « mauvais temps » dirait Hobbes, que l’on appelle la guerre. La guerre n’est pas le brigandage, le soldat sans code d’honneur est un bandit. Il n’y a pas nécessairement de contradiction, entre une entreprise de violence et de destruction, et une justification d'ordre moral et légal. On peut tenter de rendre compte de la guerre non exclusivement en termes de passions et d'intérêt, de logique de puissance et de nécessité (à la manière par exemple « réaliste » d'un art de la guerre selon Machiavel), mais en termes d'une justice dont il reste à éclairer le sens.
Mais ce plan suggère aussi que cet effort de distinguer la guerre de la barbarie, du déchaînement de violence pure et simple, achoppe depuis un siècle environ. Le droit de la guerre n’a-t-il donc jamais été qu’un discours juridico-moral sur la guerre, indispensable certes, mais sans traduction concrète sur la pratique de la guerre, voire un instrument de justification ?