L'Après impossible : destruction et reconstruction dans les imaginaires médiatiques japonais

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Mondes d'après

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Vendredi 15 octobre 2021

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En résumé

Dès le début du XXIe siècle, les imaginaires science-fictionnels prennent une place dominante dans notre paysage médiatique. De nombreuses franchises cinématographiques, littéraires ou vidéoludiques se déploient exponentiellement sur de multiples supports et à travers de nombreux récits dérivés. Il s’agit dès lors pour nous de questionner comment notre consommation médiatique actuelle et les modalités de production industrielle de contenus franchisés affectent nos capacités à penser et à concevoir des possibles « Mondes d’après ». Pour le philosophe espagnol Daniel Innerarity il est crucial de « rigoureusement distinguer un projet utopique d’une simple anticipation du futur. On est face à une action utopique lorsqu’on dessine des situations normatives qui dépassent clairement la portée de ce qui est historiquement prévisible ». Ainsi, toujours selon lui, « [l]es utopies sont des programmes d’action. […] C’est la notion même de réalité qu’une véritable utopie met en question, les possibilités qu’elle renferme et les alternatives qu’elle permet » (2015, p. 77). Or, la dispersion accélérée d’imaginaires de destruction et de reconstruction de nos espaces de vie, en particulier dans les productions audiovisuelles japonaises mais également hollywoodiennes dès l’après-11 septembre, doit être discutée selon nous en interaction avec la pensée utopique. Alors que nous sommes régulièrement confrontés à des imaginaires du futur soumis à des logiques industrielles de reboot, de prequel/sequel et de remake, sommes-nous encore capables de cultiver nos compétences à concevoir des utopies, des « Mondes d’après » véritablement alternatifs ?

Innerarity Daniel, « Après les utopies. Sur la possibilité d’un futur alternatif », L’Avenir [en ligne], 2015, pp. 75-80. En savoir plus...

Biographie synthétique

David JAVET (37 ans, Suisse) est co-fondateur du GameLab UNIL-EPFL, le groupe d’étude sur le jeu vidéo du campus universitaire de Lausanne. Sous la direction d’Alain Boillat (UNIL) et de Samuel Guex (UNIGE), sa thèse s’est consacrée aux représentations du désastre et de la techno-utopie dans les franchises de science-fiction japonaises. A l’occasion de l’exposition Pop-Art mon amour (2016-2017) au musée de science-fiction la Maison d’Ailleurs, il a co-écrit un volume consacré au manga et à ses représentations du technologique dans le paysage médiatique japonais. Enfin, il travaille comme curateur du contenu « jeux vidéo » dans différents festivals, notamment du Numerik Games Festival à Yverdon-les-Bains.

Bibliographie sélective

JAVET David, The Pen that Never Stops Writing : The Lovecraft Mythology or the Expansion of a Literary Phenomenon, sous la direction de Boris Vejdovsky, Université de Lausanne, Section d’anglais, Licence en Lettres, hiver 2009-2010.

JAVET David, « Envahissement urbain et transformation identitaire : le Japon au prisme des licences Pokémon, Monster Hunter et Yakuza », in Marc Atallah, Nicolas Nova, et al. (dir.), Pouvoirs des jeux vidéo: des pratiques aux discours, Gollion, Infolio, 2014, p. 33-53.

JAVET David, « La figure du seiyû : voix et corps dans le paysage médiatique japonais », in Alain Boillat et Irene Weber Henking (dir.), DUBBING. Die Übersetzung im Kino / La Traduction audiovisuelle, Marburg, Schüren, 2014, p. 201-222.

JAVET David, « Manga et science-fiction au Japon », in Pop Art, mon Amour : L’art de Tadanori Yokoo et du manga, Lausanne/Yverdon-les-Bains, Presses polytechniques et universitaires romandes/La Maison d’Ailleurs, 2016, p. 40-65.

JAVET David, « Dynamisme et “mutations” (vidéo) ludiques : “Pokemon”, “Ryû ga Gotoku” et “Yôkai Watch” », in Julien Martine et David-Antoine Malinas (dir.), Japon Pluriel 11 – Le Japon au début du XXIe siècle :    dynamiques et mutations, Arles, Philippe Picquier, 2016, p. 409-416. [Actes du onzième colloque de la Société française des études japonaises, 2014].

JAVET David, « Vocaloid et prosumers : la circulation des personnages au Japon », in Mireille Berton, Charlotte Bouchez et Suzanne Trenka (dir.), La Circulation des images : cinéma, photographie et nouveaux médias, Marburg, Schüren, 2018, p. 187-200.

JAVET David, « Floppy D!sk (Joël Lauener, 2017) : l’histoire du jeu vidéo en Suisse dans une disquette », Décadrages : Cinéma à travers champs, n°59-60, 2018, pp. 128-135.

JAVET David, « L’amour en ligne. Les technologies de télécommunication dans les romances japonaises », dans Alain Boillat et Laurent Guido (dir.), Loin des yeux… le cinéma. De la téléphonie à Internet : imaginaires médiatiques des technologies de télécommunication et de surveillance, Lausanne : L'âge d'homme 2019, pp. 519-545.

JAVET David, La science-fiction dans les productions médiatiques japonaises à l’ère de la techno-utopie : imaginaires du désastre et réappropriations politiques, sous la direction d’Alain Boillat et de Samuel Guex, Université de Lausanne, Hiver 2020-2021, 444p.

JAVET David et PELLET Matthieu, « Switzerland », dans Mark J.P. Wolf (dir.), Video Games around the World, Cambridge : MIT Press, 2015, pp. 535-543.

JAVET David, Les mangas, Yverdon-les-Bains/Chambéry, La Maison d’Ailleurs/ActuSF, 2016.

JAVET David, « Switzerland », in Mark J.P. Wolf, Encyclopedia of Video Games: The Culture, Technology, and Art of Gaming, ABC-CLIO, 2021, pp. 1020-1022.