AYPONA - pAysages et visages d'une agglomération arverne : apProche intégrée et diachrONique de l'occupAtion de l'Oppidum de CoreNt (Auvergne)
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AYPONA - pAysages et visages d'une agglomération arverne : apProche intégrée et diachrONique de l'occupAtion de l'Oppidum de CoreNt (Auvergne)
Disciplines : Archéologie environnementale; paléoécologie; géoarchéologie; géomorphologie; archéologie; géomatique
Mots-clés : Paléoenvironnement; paysage; urbanisation; bio-indicateurs; LIDAR
Durée de l'étude : 2013-2016
Financement : Conseil Régional d'Auvergne
Porteurs scientifiques :
- Yannick Miras (GEOLAB)
- Franck Vautier (MSH)
Résumé :
L’oppidum de Corent (Auvergne, France), situé à 15 km au sud-est de Clermont-Ferrand, et occupant la presque totalité d’un plateau d’origine volcanique couvrant une soixantaine d’hectares, atteste l’émergence en Gaule d’un véritable phénomène urbain que l’on a longtemps cru limité aux régions méditerranéennes (Poux, Foucras, 2008). En effet, après une première campagne de prospections et de sondages menée entre 1991 et 1993 par V. Guichard et J. Collis (Guichard, Collis, 1992), des fouilles programmées effectuées chaque année depuis 2001 dans le cadre des fouilles programmées dirigées par M. Poux (Laboratoire Archéométrie et Archéologie, UMR 5138/CNRS) et financées par le Ministère de la Culture (Service Régional d’Archéologie d’Auvergne) ont permis d’avoir aujourd’hui une très bonne représentation du site (Poux, 2011). Ainsi, Corent est le seul oppidum du bassin clermontois a avoir été occupé durablement avant la conquête césarienne. La monumentalité de son centre public et les richesses qu’il recèle, sans équivalents à l’échelle régionale, identifient le site à la capitale des Arvernes indépendants. La stratégie de fouille programmée, visant au dégagement extensif d’un centre urbain de l’époque laténienne, a permis d’identifier la nature et l’emprise de l’occupation sur une surface d’environ 2,5 ha. Ceci constitue une exception à l’échelle nationale et même européenne, suite à l’interruption des fouilles de Manching (Rieckhof, 2003). Cette occupation se compose d’édifices publics tel le sanctuaire, d’un vaste complexe artisanal et commercial, de structures d’habitats et d’espaces de voirie. Cette planification à grande échelle, régie par un parcellaire opérant la séparation entre les espaces dédiés aux activités publiques et privées, révèle l’influence des cultures méditerranéennes sur ces sociétés indigènes de la fin de l’âge du Fer. En 2011, un hémicycle d’assemblée pouvant être considéré comme le prototype d’une vaste famille d’édifices scéniques a été mis au jour. André (2011) perçoit l’invention d’un plan de théâtre gallo-romain situé « en-dehors des modèles vitruviens du théâtre grec ou romain ». L’édifice de Corent ferait donc remonter l’origine du processus au début du Ier siècle avant notre ère, à une époque antérieure à la conquête et à l’apparition des premiers édifices de spectacles en Gaule transalpine (Poux, 2011). En ajoutant les quantités considérables de céramiques d’importation retrouvées, tout ceci témoigne d’une très forte et précoce « empreinte de Rome » sur ce site traduisant les très nombreux contacts commerciaux et les relations culturelles qu’entretenaient ces sociétés avec le monde méditerranéen.
En conséquence, l’oppidum de Corent, en tant que chef-lieu du peuple arverne et centre névralgique d’un système d’échanges (Poux, 2011), présente un extraordinaire potentiel archéologique qui en fait un des sites majeurs pour toute la Protohistoire européenne y compris pour ses phases les plus anciennes. En effet, depuis 2001, les onze campagnes de fouilles programmées ont aussi permis de mettre au jour des occupations néolithiques, et plusieurs agglomérations superposées de grande taille, denses et riches en mobilier, datées du Bronze final 2 et 3 (XIe-IXe s. av. n.è.) et du Hallstatt moyen (première moitié du VIIe s. av. n.è.) (Milcent & Saint-Sever, 2012). Ces agglomérations participent d’un processus qui annonce l’expérience urbaine de la fin du 1er âge du Fer et qui se concrétisera à la fin du second âge du Fer en Europe moyenne tempérée (Milcent, 2012). Corent apparaît donc comme un site idéal pour caractériser sur la longue durée du 1er millénaire avant notre ère l’émergence non linéaire du fait urbain et ses liens avec l’environnement rural.
C’est sur ces champs thématiques que repose le projet AYPONA. Cette recherche proposée par les équipes de GEOLAB, de la MSH, du LMGE, de EVS, de TRACES et du laboratoire Archéométrie et Archéologie ambitionne de développer, de manière inédite sur le site de Corent, une recherche intégrée en archéologie environnementale multi-indicateurs (palynologie, carpologie, anthracologie et signal incendie, analyse des diatomées), en géoarchéologie (géomorphologie, sédimentologie, paléo-pédologie) et en archéogéomatique (photogrammétrie multi-images, lasergrammétrie, analyses spatiales de données géo-référencées, construction de Modèles Numériques de Terrain à haute résolution, modélisation tri-dimensionnelle, détection automatisée de strutures). En s’inspirant de l’approche anglo-saxone d’«Environmental Archaeology» (Tipping et al., 2009) et fort de l’apport des nouvelles technologies pour la mise en œuvre et l’exploitation à vocation archéologique d’une mission LiDAR aéroportée (entre autre Chase et al., 2011), l’objectif est de modéliser dans la diachronie les trajectoires spatio-temporelles des processus d’anthropisation et d’appropriation de cet espace de hauteur et de ses marges jusqu’à l’émergence d’une agglomération urbaine. Or, pour cela, l’oppidum de Corent constitue un laboratoire de recherche privilégié dans la mesure où la séquence chrono-culturelle couvre près de 5 millénaires.
Pour cela, AYPONA propose donc de travailler à très haute résolution spatiale et temporelle sur les changements paysagers et les systèmes d’exploitation des ressources naturelles associés ainsi que sur l’adaptabilité des sociétés face aux changements environnementaux sur la longue durée. Une meilleure caractérisation des formes de l’habitat et de l’occupation du sol d’un site de hauteur et ses marges, particulièrement pour l’âge du Bronze final, l’âge du Fer et la période gallo-romaine, est également programmée. Ce projet permettra enfin de porter l’accent sur des périodes-clés de coévolution socio-environnementale comme fut la conquête romaine ou de discerner de possibles périodes de déclin de la fréquentation humaine voire d’abandon en y discriminant les facteurs de contrôle qui relèvent aussi bien d’un forçage naturel (par exemple climatique) que sociétal.
L’enjeu est donc majeur pour la compréhension de la construction de ce territoire auvergnat dans la mesure où ces données pourront ainsi venir compléter les données d’occupation de la plaine de Limagne où les opérations de fouilles préventives sont plus nombreuses (entre autres Guichard et al., 2007) et où des recherches archéologiques programmées ont eu lieu par le passé (Trément et al., 2007)
Partenaires :
- Centre d'Histoire "Espaces et Cultures (CHEC, EA 1001-Université Blaise Pascal)
- Laboratoire Microorganismes : Génome et Environnement (LMGE , UMR 6023-Université Blaise Pascal/CNRS)
- Laboratoire Archéologie et Archéométrie (ARAR, UMR 5138-Université Lyon 2, CNRS, Université Claude Bernard, INRAP - Rattaché à la MOM)
- Laboratoire Environnement Ville et Société (EVS, UMR 56000-CNRS, Universités Lyon3, Lyon2, Saint-Etienne, Ecole des MInes de St-Etienne, ENS de Lyon, ENSAL, ENTPE, INSA de Lyon)
- Travaux et Recherches Archéologiques sur les Cultures, les Espaces et les Sociétés, (TRACES, UMR 5608-Université Toulouse Jean Jaures, CNRS)
Contacts :
- Yannick Miras (GEOLAB) : yannick.miras@univ-bpclermont.fr
- Franck Vautier (MSH) : franck.vautier@univ-bpclermont.fr